Faranah : Une députée de l’UFDG échappe de justesse à un lynchage (témoignages)

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FARANAH-Le pire a été évité de justesse ! Une députée de l’Union des Forces démocratiques de Guinée (UFDG) a été prise à partie  le lundi 25 mai dans la  sous-préfecture de Tirô, située à quinze kilomètres de la préfecture de Faranah. Le seul crime de l’honorable Fatoumata Binta Diallo serait d’avoir pris des photos d’enfants qu’on apprêtait à enrôler dans le cadre de la  révision exceptionnelle du fichier électoral.


Notre rédaction a interrogé cet après midi la députée qui est revenue en détails sur les circonstances de cet incident. Nous vous proposons l’intégralité de son témoignage.

 

« Avant-hier je rentrais d’une mission à Gueckedou.  J’arrive dans la sous-préfecture de Tirô, à 15 kilomètres de Faranah, j’ai aperçu un tas d’élèves du primaire en train de se faire enrôler. Je me suis arrêtée. Je suis venue demander le président de la CARLE (commission administrative de révision des listes électorales), qui était absent. J’ai demandé au technicien chargé de l’enrôlement, quel  le nombre de personnes qu’ils ont enrôlé depuis le  début de l’opération. Il m’a répondu qu’il ne connait pas. Je lui fais remarquer que les chiffres se trouvent sur la machine. Entre temps j’ai aperçu des feuilles qui étaient sur la table. Je les ai pris, j’ai feuilleté. J’ai remarqué  que toutes les dates de naissances des personnes étaient identiques. C’était 1997. J’ai  demandé si ces gens-là ont été enrôlés. Ils m’ont répondu par la négative. J’ai demandé à  l’opérateur de saisi de me passer des fiches qu’il détenait. Sur ces  fiches, il n’y avait de noms des enfants qui étaient arrêtés à côtés et qui avait attaché leur tenue scolaire sur leur hanche. J’ai pris la liste j’ai appelé un à un, j’ai  fait des photos.

« Cassez la tablette, cassez la voiture, brûlez-la »

J’avais mon assistant qui était là et qui portait un t-shirt de l’UFDG. Quand ils l’on aperçu, les gens ont crié « UFDG, UFDG, UFDG ». Tout de suite, le président de la CARLE est arrivé. Je l’ai salué, je me  suis présentée en tant que  députée.  Je lui reposé les mêmes questions. J’ai voulu lui faire comprendre ce que dit la Constitution et le code électoral sur la révision des listes électorales pour ne pas qu’ils enrôlent les enfants. Soudain, le président de la CESPI vient en courant, en insultant : « cassez la tablette, cassez la voiture, brûlez-la ». Je lui ai dit, écoute : tu es intellectuel, en tant qu’élue du peuple, j’ai le droit d’observer ce qui se passe dans le pays et de rendre compte. Il rétorque en martelant qu’il s’en fiche de moi, et que les députés se trouvent à l’assemblée. J’ai dit alors que c’est dommage pour lui. Il a ordonné aux enfants de venir barrer la route. Ils ont envoyé des pierres, des troncs d’arbres, ils ont dégonflé les pneus. Ensuite il est venu se jeter sur mon assistant en retirant la tablette.

« Madame ne craignez-rien, on va assurer votre sécurité ».

Un policier et un gendarme qui était à côté, (qui nous observait) sont venus. Comme ils ont appris que je suis députée, ils m’ont dit : « madame ne craignez-rien, on va assurer votre sécurité ». Les agents ont retiré la tablette. Pendant ce temps, le président de la CARLE et celui de CESPI criaient : « remettez-nous la tablette, on va la  casser ».

« tu te dis députée, fiche le camp way… »

La population est sortie massivement en un laps de temps. On s’est dirigé à l’escadron de la gendarmerie. Les sages, le sous-préfet sont venus, ils ont parlé. Il n’y a pas ce qu’ils n’ont pas dit. J’ai dit : « pensez-vous que c’est avec ça qu’on peut Gouverner la Guinée ? » Ils ont dit qu’ils vont m’envoyez à la sous-préfecture pour m’écouter en présence de la  jeunesse, du président de la CARLE.

On est allé là-bas. Ils ont appelé à  Faranah le secrétaire Général du RPG  qui est venu. Nous nous sommes tous installés. Il y avait quelqu’un à côté du Secrétaire général qui a dit : « tu te dis députée, fiche le camp way ! » Mais on m’a intimé  de ne pas répondre. Je n’ai rien dit.

Le secrétaire Général a demandé à l’assistance si j’ai pris  des photos. On a répondu par  l’affirmative. Ensuite, il a demandé aux gens d’accepter qu’on aille à Faranah pour régler le problème. Quand on est sorti, le secrétaire Général du RPG m’a présenté des excuses. Je lui ai que si les gens du Foutah se comportaient comme ça, je ne sais pas comment le pays va marcher.

On a bougé pour Faranah. Avant d’arriver, on a trouvé le Gouverneur dans un petit carrefour avec le préfet. On s’est arrêté, ils lui ont expliqué le problème. Le Gouverneur a intimé le préfet de régler le problème. Arrivé à la préfecture, ils se sont expliqués. Après j’ai pris la parole en leur rappelant les dispositions de la loi sur l’enrôlement des électeurs.

« Remettez-lui sa tablette, elle va sortir de mon territoire »

Ils ont appelé mon assistant qui avait la tablette, en menaçant de l’enfermer. Je me suis opposée. Ils ont appelé leur technicien, ils ont allumé la tablette et ont effacé quelques photos. On a longuement discuté.

Par la suite, on s’est dirigé au Gouvernorat. Arrivé, le Gouverneur ne m’a même pas donné de la place ou encore me  saluer. Il les a écoutés. Ensuite, ils ont effacé le reste des photos sur la tablette. J’ai interpelé le Gouverneur en lui demandant s’il m’a reconnu. Il m’a répondu qu’il ne me connaît pas (…). Pour couper cout, il  a dit : « remettez-lui sa tablette, elle va sortir de mon territoire ». J’ai rétorqué en lui disant qu’il n’a pas de territoire. C’est par ces mots qu’on s’est séparés. J’ai pris  ma  voiture, nous sommes rentrés’’.

 

Diallo Boubacar 1

Pour Africaguinee.com

Tel : (00224) 655 31 11 12

 

Créé le 28 mai 2015 00:27

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