Moustapha Naité avertit: « l’opposition veut rendre le pays ingouvernable » (Entretien exclusif)

Moustapha Naité, Ministre de la jeunesse et de l'emploi des jeunes

CONAKRY- Le Gouvernement guinéen va-t-il se plier aux exigences de l’opposition en vue de relancer rapidement le dialogue politique ? Que faut-il pour éviter un enlisement de la crise politique que connaît le pays depuis plusieurs mois ? Le Ministre guinéen chargé de la jeunesse et de l’emploi des jeunes, Moustapha Naîté dévoile une approche de solution pour ramener l’opposition autour de la table du dialogue. Dans cet entretien exclusif accordé à notre rédaction, ce cadre du parti au pouvoir, le RPG Arc-en-ciel, revient également sur les préalables posés par l’opposition pour la reprise du dialogue politique.


 

AFRICAGUINEE.COM : Monsieur le ministre Bonjour !

MOUSTAPHA NAITE : Oui Bonjour !

Une manifestation organisée par l’opposition mais  interdite par les autorités de Conakry, a dégénéré encore en affrontement entre forces de l’ordre et manifestants. Quelle  est votre réaction ?

Je suis content que vous rappeliez que la manifestation était illégale. Ce que je condamne avec la dernière énergie, c’est cette volonté manifeste de l’opposition de mettre dans les rues, des jeunes enfants de 14 à 15 ans pour réclamer souvent quelque chose que ces jeunes ne participent même pas. C'est-à-dire un calendrier électoral. C’est ce qui est d’abord assez déconcertant et vraiment difficile. C’est ce que je peux dire par rapport à cette manifestation illégale. Et, c’est vraiment regrettable pour notre pays.

Dans les hôpitaux de Conakry, plusieurs blessés par balles pointent un doigt accusateur sur la police et la gendarmerie. Qu’en dites-vous ?

Je  pense qu’il faudrait être très prudent sur les différentes déclarations. D’abord, il faut condamner l’usage des armes d’où  que cela vienne. Nous condamnons avec la dernière énergie l’usage des armes. Que cela vienne des loubards ou des forces de l’ordre, nous le condamnons. Mais aujourd’hui, ni vous, ni moi, ne pouvons affirmer de façon claire et nette que ces tirs viennent des forces de l’ordre. Parce que tout simplement, c’était une manifestation illégale, non autorisée et on n’a pas donné l’opportunité à nos forces de l’ordre d’encadrer cette manifestation. Et, c’est là où le bas blesse. Il faudrait que chacun de nous regarde en face la réalité et ses responsabilités pour pouvoir les assumer. Il revient à l’Etat d’assurer la sécurité des citoyens dans n’importe quelle condition. Il faudrait absolument que chacun de nous se batte pour retrouver les coupables et tous ceux  qui se sont évertués à troubler  l’ordre public.

Le Gouvernement appelle l’opposition à un dialogue sans conditions. Mais avec ces violences qui continuent dans le pays, est-ce que vous êtes prêts à lâcher du lest par rapport aux exigences de l’opposition qui demande le gel des activités de la CENI, la remise en cause du calendrier électoral ?

D’abord, le Gouvernement a toujours lâché du lest. Parce que nous souhaitons et nous avons sollicité qu’il y ait le dialogue. Ce qui est extrêmement important, les préalables qui sont posés par l’opposition sont assez étonnants. Parler de "gèle des activités de la CENI" (commission électorale nationale indépendante, ndlr), il faut préciser que  les activités qui sont en cours au niveau de cette institution, c’est au niveau des démembrements. Et, au  niveau de ces démembrements, l’opposition n’a aucun problème sur la participation de leurs représentants au niveau local. Alors pourquoi ils ne demandent pas  l’arrêt des activités (de la CENI) au niveau local ? C’est ce qui est étonnant.

Donc on peut bel et bien s’asseoir autour de la table et parvenir à des accords. Ensemble, la CENI démontrera la faisabilité ou la non-faisabilité des deux élections, avant ou après l’autre ou les deux ensembles. Mais ce sont des choses qui ne peuvent être discutées qu’autour  de la table. Et, je pense d’ailleurs que ce n’est pas du tout opportun de demander à la CENI d’arrêter ses activités. Mais si  la CENI juge qu’elle peut arrêter ses activités et que cela n’ait pas d’incidence à l’organisation d’une élection ou des  deux élections avant l’échéance du délai constitutionnel que nous avons, (on verra bien) parce  qu’il ne faut pas oublier aussi après le 20 octobre, nous rentrons quasiment dans une nouvelle transition.

Mais je pense qu’aujourd’hui, le puzzle qui se met en place, c’est que manifestement l’opposition veut rendre le pays ingouvernable. Et c’est quelque chose qui est inacceptable.

Quelles solutions préconisez-vous alors pour  sortir de cette impasse et éviter que l’opposition ne rende le pays « ingouvernable » ?

Nous, nous sommes preneurs de toute solution qui permettrait d’une part, de garantir la paix sociale et d’autre part, de faire en sorte que la constitution, les délais constitutionnels ne soient pas violés. Nous sommes entièrement ouverts pour toutes solutions qui prendraient en compte ces deux entités. C’est extrêmement important.

Mais est-ce que l’acceptation par le Gouvernement des préalables posés par l’opposition ne ferait pas partie de ces solutions ?

Justement, c’est ce que je dis parce que les préalables dont vous venez de parler à savoir : l’arrêt ou le gel des activités de la CENI. Toutes ces activités sont réalisées en collaboration directe avec les représentants de l’opposition. Dans tous les démembrements, dans les CARLE en Guinée, il se trouve qu’il y a un représentant de l’opposition et de la mouvance qui sont en train de travailler. Je ne vois pas l’intérêt de bloquer un travail qui est en cours alors que nous pouvons nous asseoir et discuter des orientations à donner ici et là pour faire en sorte que les choses puissent aller de l’avant. Mais en bloquant aujourd’hui le processus on s’expose à ce qu’on rentre dans une rupture constitutionnelle. Quelque chose qui est inimaginable et inacceptable pour notre République qui vient de très loin.

Est-ce que le Gouvernement pourrait demander à la CENI de « bloquer  temporairement » ses activités ne serait-ce que pour permettre l’ouverture du dialogue ?

Cela se trouve autour de la table des négociations, et qu’ensemble que les accords politiques puissent nous amener à dire que la CENI peut poser tel ou tel autre acte. Mais bon Dieu ! Nous avons choisi d’avoir une CENI indépendante. C’est une Loi Organique qui a mis la CENI en place. C’est une institution  indépendante dans laquelle, il y a une représentation paritaire de l’opposition et de la mouvance, qui a proposé de ce calendrier électoral.  Mais si les politiques que nous sommes, nous ne sommes pas  pas d’accord, qu'on se retrouve autour de la table pour dire voilà nos inquiétudes par rapport à tel point. Quittes maintenant à la CENI de nous donner les garanties nécessaires pour les inquiétudes que les uns et les autres  peuvent avoir. Et, je pense que la solution n’est nulle part ailleurs qu’autour de la table de dialogue sans préalables, sans conditions. Parce que nous ne sommes  pas habilités de demander à la CENI d’arrêter parce qu’elle est indépendante. Sinon quel serait alors la raison d’une Loi organique si on peut se lever du jour au lendemain pour dire arrêtez vos activités. C’est ce qu’il faut retenir.

 

Entretien réalisé par Diallo Boubacar 1

Pour Africaguinee.com

Tel : (00224) 655 31 11 12

 

Créé le 22 avril 2015 01:36

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