Témoignage : Comment ma femme a perdu la vie en accouchant à même le sol… (Exclusif)
CONAKRY-Une femme a perdu la vie en donnant la vie devant la maternité de Donka à cause d’un manque d’assistance des sages femmes de l’hôpital. Cette scène très ‘’surréaliste’’ et à la limite ‘’révoltante’’ s’est passée dans la nuit du vendredi à samedi dernier aux environs de 2 heures du matin au Centre Hospitalo-universitaire de Donka, a appris Africaguinee.com.
A sa venue au pouvoir en 2010, l’actuel président guinéen, Alpha Condé avait promis de rendre gratuite la césarienne. Cette promesse a toujours du mal à se concrétiser dans les hôpitaux guinéens. Ce qui s’est passé le week-end dernier dans les maternités des deux plus grands hôpitaux du pays témoigne de l’indélicatesse et du manque d’humanité de certains hommes et femmes en blouse. Une femme est décédée après avoir accouché à même le sol. Cette femme a été rejetée avec son mari par les sages femmes de la maternité, avant d’accoucher dehors dans l’obscurité, sans assistance devant les pleurs de son époux.
Pour plus de précision, notre rédaction a interrogé l’époux de la défunte, Aboubacar Camara. Nous vous proposons les explications du veuf…
« La scène s’est passée dans la nuit du vendredi à samedi aux environs de 2heures du matin. Quand j’ai compris les premiers signes de délivrance de ma femme, je l’ai pris on est allé à Ignace-Deen (le second CHU du pays). Arrivé, je suis tombé sur une sage-femme du nom de madame Camara. Je lui ai tendu les documents de suivi de ma femme (écho, examen…). Je lui ai expliqué que ma femme a fait deux gestes sans aucune complication. Ses enfants sont bien portants. J’ai précisé à la sage femme que mon épouse a fait huit ans sans enfanter.
Lorsque que je lui expliquais ces détails, elle me rejetait en disant que je devais envoyer ma femme ailleurs ou bien d’aller chercher le médecin qui a suivi la grossesse de ma femme pour m’aider. Pendant ce temps, ma femme souffrait. Finalement, elles ont accepté de la consulter. Après cette consultation qui a durée environs 7 minutes, elles ont dit que le Bébé est gros, et qu’il a même cessé de respirer. Et que même s’il y avait des possibilités d’intervention, le Bloc opératoire n’est pas prêt. Elles m’ont intimé d’aller à Donka pour ne pas prendre de risques, selon elles.
Je couru à Donka (la nuit). Tout ce temps ma femme se portait relativement bien, elle marchait d’elle-même. Une fois là-bas aussi, c’est comme si les sages-femmes de Donka et celles d’Ignace-Denn s’étaient concertées avant mon arrivée. La sage-femme que j’ai trouvée sur place m’a dit : ‘’malheureusement on n’est en rupture, le bloc opératoire n’est pas prêt, on est désolé, il faut aller à Ratoma ou à Matam’’.
C’est dans ces circonstances qu’on nous a sortis dehors. Ma femme a accouché au sol devant moi au dehors. J’ai crié pendant 20 minutes. Mes cris ont alerté les gens d’à côté qui sont allés insulter les sages femmes pour qu’elles viennent nous aider. C’est ainsi qu’une sage femme du nom de Mariam est venue faire le reste du boulot. Elles ont fait un massage cardiaque sur l’enfant qui a repris vie. Elles ont fait rentrer ma femme qui avait subi une grave hémorragie. Elle avait perdu beaucoup de sang. C’est après 2 heures que les sages-femmes m’ont demandé le prix des poches de sang. C’est dans ces circonstances que ma femme est décédée.
Quand elles ont su que ma femme est décédée, elles m’ont restitué les 150.000 francs guinéens que je leur avais donnés pour l’achat des poches de sang (…) L’enfant est en vie, c’est un garçon. Mais il est un peu fatigué, il est à la maison ».
Diallo Boubacar 1
Pour Africaguinee.com
Tel: (00224) 655 31 11 12
Créé le 4 mars 2015 15:34Nous vous proposons aussi
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