Ebola en Guinée : Entretien avec Marc Poncin, responsable de l’urgence Ebola à MSF…

Marc Porcin, MSF

CONAKRY- Quel est l’état de la situation de l’épidémie de fièvre hémorragique à virus Ebola en Guinée ? Quelles pourraient être les conséquences des tueries de Nzérékoré sur le travail des agents de ‘’Médecins Sans Frontières’’ en Guinée ? Marc Poncin, Responsable à Médecins Sans Frontières pour l’urgence Ebola aborde toutes ces questions dans cette interview exclusive qu’il a bien voulu accorder à notre rédaction.


 

AFRICAGUINEE.COM : Monsieur Marc Poncin bonjour !

MARC PONCIN : Oui Bonjour !

Malgré les messages de sensibilisation, le virus Ebola continue son expédition mortelle avec une forte contamination parmi les agents de santé. Comment expliquez- vous cela ?

Marc Poncin : Le message est simple, il suffit de voir  le nombre de personnes dans les équipes médicales qui sont contaminées et le nombre de personnes qui sont décédées d’Ebola, pour leur dire qu’il faut prendre les choses très sérieusement. En tant que responsables médicaux, on est très exposé au virus. Si jamais on prend en charge des personnes contaminées étant donné que l’épidémie dure depuis plusieurs mois, c’est la responsabilité des  médecins et des infirmiers  de se protéger  dans un premier temps quand ils font des consultations. La sanction est immédiate quand on voit qu’il y a 25 personnels médicaux qui sont décédés d’Ebola en Guinée suite à des contaminations avec des patients.

Donc il faut que les gens appliquent les mesures strictes d’hygiène et de protection. Personnellement, moi autant je peux comprendre des gens des équipes médicales se contaminent beaucoup en début d’épidémie quand elle n’était pas connue, je trouve que c’est de leur responsabilité de se protéger sachant que tout le monde connait l’épidémie et de sa gravité aujourd’hui en Guinée.

Peut-on dire que la Guinée est toujours dans la zone rouge ?

Je crois qu’on est effectivement toujours à la ligne rouge, pour reprendre votre terme. Il y a 11 préfectures qui ont déclaré des cas d’Ebola aujourd’hui dans le pays. Il y a un foyer qui est très actif du côté de la Guinée-Forestière. De ce côté, la situation n’est pas sous contrôle aujourd’hui. La situation vient beaucoup des problèmes qu’il y a en Sierra-Leone ou au Liberia voisin où la situation est beaucoup plus grave qu’en Guinée. La situation épidémiologique de nos jours est alarmante. Donc il va falloir encore lutter longtemps et fournir beaucoup d’efforts pour réussir  à contrôler l’épidémie.

A certains endroits, des populations à la base qui ne croient toujours pas à cette maladie opposent une hostilité aux agents de santé sur le terrain. Comment  gérez -vous cette situation ?

Est-ce qu’elles ne croient pas en la maladie, ou elles en ont trop peur et qu’elles cherchent à y échapper ou  qu’elles associent Ebola à tous les acteurs et partenaires ? Et ils pensent qu’en se débarrassant des partenaires,  ils pensent se débarrasser de la maladie ? Moi je crois qu’il faut de toute façon insister sur la sensibilisation, beaucoup travailler sur la qualité de la communication, expliquer le pourquoi de la maladie et comment on peut y échapper. C’est le seul moyen pour que les gens adhèrent et  comprennent les  mesures de contrôle qu’on met en place.

Après le drame de Womey, ne craignez-vous pas pour la sécurité de vos agents qui sont sur le terrain ?

Si bien Sûr ! Quand on voit que huit personnes sont mortes pendant une campagne de sensibilisation, c’est extrêmement important. Pour moi, en tant que responsable de MSF, forcément c’est quelque chose que je dois prendre en compte dans mon analyse avant d’envoyer des équipes sur le terrain. Donc, cela nécessite une bonne compréhension sur ce qui s’est passé. Certainement nous ne travaillerons pas de la même manière après cet évènement grave qu’avant.

Vous avez combien d’agents en Guinée ?

En Guinée nous avons plus de 35 personnels internationaux et 350 personnels guinéens qui sont engagés par MSF, sans compter des équipes du ministère de la santé qui travaillent dans nos structures.

Conseillerez-vous  l’utilisation des médicaments expérimentaux en Guinée pour contenir la maladie ?

Nous on ne s’occupe pas des médicaments expérimentaux. C’est du travail des laboratoires de recherches et des grands hôpitaux. MSF s’occupe de soigner des gens sur le terrain. Il est évident que si certains médicaments  ont l’approbation d’être utilisés de la part de l’OMS ou du ministère de la santé guinéen, MSF facilitera l’accès aux malades pour l’utilisation de ces médicaments.

 

Entretien réalisé par Diallo Boubacar 1

Pour Africaguinee.com

Tel : (00224) 655 31 11 12

Créé le 24 septembre 2014 10:57

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