Gouvernement: Quel bilan pour le ministre Koutoubou Sanoh ?
CONAKRY-Au moment où l'opposition critique vivement le bilan du gouvernement de Mohamed Said Fofana, un ministre affiche avec optimisme le bilan de son département: Moustapha Koutoubou Sanoh annonce que son département a mobilisé des centaines de millions de dollars. Le ministre en charge de la coopération internationale et de l'intégration africaine veut appuyer le gouvernement dans l'équilibre budgétaire qu'il s'est fixé.Dans cet entretien exclusif qu'il nous a accordé, M. Sanoh parle également de la gestion des dons et matériels dont la Guinée a bénéficié dans sa lutte contre l'épidémie de fièvre ébola qui a fait une centaine de morts depuis janvier 2014.
-AFRICAGUINEE.COM : Monsieur le Ministre bonjour !
-DR KOUTOUBOU MOUSTAPHA SANOH : Bonjour Monsieur Souaré !
-Cents jours de votre reconduction à la tête de ce département chargé de la coopération internationale qu’est-ce qu’on pourrait retenir en terme de bilan ?
En terme de bilan, nous avons pu par la grâce de Dieu atteindre les objectifs qui nous ont été assignés dans le cadre d’abord de la promotion de la coopération bi et multilatérale, la coordination des aides extérieures et de la promotion du partenariat public privé. Au-delà de tout ça nous avons aussi pour mission la conception de mettre en œuvre la politique du gouvernement en matière de la coopération internationale et de l’intégration africaine.
Pour ce qui est de l’intégration africaine nous avons pu faire élire deux guinéens au sein des institutions sous régionales, à savoir la CEDEAO (communiqué économique de développement des Etats de l’Afrique de l’Ouest). Pour la première fois, les démarches ont abouti à la nomination de Dr Morlaye Bangoura comme premier commissaire en charge des mines et de l’énergie. C’est le département qui a mené ces démarches auprès de la CEDEAO pour l’arrivée de ce monsieur à ce poste clé. En même temps, nous avons mené des démarches pour l’élection de maître Boiro à la Cours de justice de la CEDEAO. Ce sont deux postes qui étaient vacants, ils ont demandé que la Guinée fasse des démarches pour pouvoir les bénéficier. C’est qui a été fait sous les auspices de monsieur le président de la République.
Nous avons aussi renforcé la présence de la Guinée au sein de la CEDEAO. La Guinée est toujours présente à toutes les réunions statutaires de cette institution. Et, on a toujours nos initiatives pour l’amélioration de l’institution. Au cours des réunions ministérielles, nous avons été même porte-parole. Puisqu’en tant que ministère de l’intégration, nous sommes membres du conseil des ministres de la CEDEAO.
Au niveau de la Mano River Union (union du fleuve Mano), nous avons pu organiser des réunions ministérielles. Il était en vue qu’au début du mois prochain, il y aura le sommet de l’union du fleuve Mano ici à Conakry. Il y aura aussi la réunion ministérielle pour la coordination des activités de ces quatre pays membres du fleuve.
Au niveau de la coopération bilatérale, nous avons renforcé nos relations de coopération avec les pays émergents à savoir, la Turquie, la Chine, le Japon. Donc, la Guinée a pris part aussi à toutes les réunions de la TICAD (Conférence Internationale de Tokyo pour le Développement de l’Afrique, Ndlr). C’était pour la première fois qu’un chef d’Etat guinéen participe à cette réunion au Japon. Nous avons bénéficié au cours des négociations que nous avons menées avec les japonais, le financement de la construction du pont de KK sur la nationale Conakry-Kindia, dont la pause de la première pierre est prévue au palus tard dans la deuxième semaine du mois de mai. La durée de construction est de 18 mois.
-Des missions spécifiques avaient été assignées à chaque ministre dans ce deuxième gouvernement du président Alpha Condé. Peut-on savoir quelle est votre feuille de route ?
Lors que nous avons reçu la lettre de mission, elle a trouvé que nous avions déjà dans notre feuille de route tout ce qui est cité dans cette lettre de mission. C'est-à-dire que le ministère a pris les devants avant même que cette lettre de mission ne nous soit transmise. Depuis ma nomination à la tête de ce département, les ambitions sont là, les priorités sont là, donc on était tout le temps dans cette logique de la pro-activité. On était toujours à la recherche de nouveaux partenaires pour renforcer les relations qui existent et redynamiser avec les anciens.
-Pouvez- vous nous citer quelques objectifs que vous vous étiez fixés ?
Le département avait quatre objectifs. Le premier, c’est la conception, la mise en œuvre et le suivi de la politique du gouvernement en matière de coopération internationale et de l’intégration africaine. C’est la première mission. Donc pour atteindre cet objectif, nous avons listé beaucoup d’activités pouvant nous permettre de les atteindre. En tête de liste, nous avons la politique nationale de la coopération et de l’intégration Africaine. Un document que nous allons bientôt produire est en préparation. La Guinée doit pouvoir avoir sa politique nationale de coopération.
Ensuite il fallait ressortir les priorités et que ces derniers soient en synergie avec les actions prioritaires du gouvernement. Ainsi, à côté de cette mission régalienne, il y a aussi cette mission qui consiste à la mobilisation et la coordination des aides extérieures. Mon département est chargé de de mobiliser et de coordonner les aides extérieures.
De 2011 à 2014, ce ministère a pu mobiliser plus de 750 millions de dollars. Ce montant a servi à un certain niveau pour appuyer le budget national, à financer des projets prioritaires du gouvernement, renforcer les capacités techniques et financières des institutions. Et cette année, le ministère a décidé de s’assigner un objectif dans le cadre de cette mobilisation des ressources. Nous avons souhaité mobiliser au moins 350 millions de dollars, ce qui représente un défi pour notre département. L’année dernière, nous avons pu mobiliser 314 millions de dollars. Et, cette année nous avons dit qu’il faut forcément aller au-delà.
Alors on s’est dit pourquoi ne pas aller vers la diversification de la coopération. Donc, faire la mobilisation des ressources financières et techniques pour permettre aux départements sectoriels de fonctionner correctement. Un exemple frappant : les bus dont nous avons bénéficié, il n’y a pas longtemps ont connu des problèmes au cours des manifestations qui ont eu lieu ici. Il était question de trouver des pièces de rechange. Nous avons mobilisé les ressources pour permettre au ministère des transports de les prendre en charge et d’avoir les pièces pour permettre à ces bus qui sont en panne de fonctionner à nouveau.
-Est-ce qu’on peut savoir à ce jour combien votre département a pu mobiliser en termes de ressources ?
Nous sommes heureux de vous annoncer qu’à ce jour, nous avons mobilisé autour de 121 millions de dollars. A cent jours de notre reconduction, à la tête de ce département, le ministère a pu mobiliser 121 millions de dollars. Cela représente à un certain niveau 30 à 40% de ce que nous ambitionnons de mobiliser. Ce montant a servi à l’appui budgétaire, au financement des projets qui sont dans le volet des actions prioritaires, l’autre partie servira au financement des infrastructures qui seront lancées bientôt.
Si à ce jour nous avons 120 millions de dollars, je crois que l’espoir est permis pour atteindre l’objectif que nous nous sommes fixé.
-Pourquoi le chiffre de 350 millions de dollars M. le ministre?
Si vous avez une lecture du budget national, il était dit qu’il y a un gap qu’il faut combler pour permettre au budget de répondre aux exigences des finances publiques, c’est-à-dire qu’il soit équilibré. Le gap varie de 400 à 450 millions de dollars. Nous avons dit au niveau de la coopération qu’il faut tout faire pour mobiliser ces fonds pour permettre au budget national d’être financé. Il était question par exemple de trouver un fond d’achat de 30.000 lampadaires pour que les sous-préfectures puissent bénéficier de l’éclairage public. Le ministère de la coopération doit trouver un fond qui doit aller au-delà de 80 millions de dollars. Alors on s’est dit qu’il faut mobiliser plus de 50% de ce montant. Aujourd’hui nous avons mobilisé plus de 30 millions de dollars qui vont servir à la l’achat de ces lampadaires.
-Concernant l’épidémie de la fièvre Ebola qui touche la Guinée depuis plusieurs mois, le pays a bénéficié de l’appui de certains partenaires. Peut-on avoir une idée en termes de chiffres sur les différents montants déjà reçus ?
Je crois qu’il y a un comité interministériel de riposte dont je suis membre qui gère cette épidémie. Au sein de ce comité, il y a un sous-comité chargé de la gestion des dons et des contributions. Il y a la contribution en nature et la contribution en monnaie. Parmi ces contributions, il y a certaines qui sont gérées par les partenaires eux-mêmes et d’autres par le gouvernement. Par exemple, le Japon a fait un don de 523.000 dollars. Mais ce n’est pas l’Etat qui gère, c’est l’UNICEF qui coordonne avec les services de santé pour l’utilisation rationnelle et judicieuse de ce montant. Donc, il y a des partenaires qui ont fait des dons de manière directe à l’Etat guinéen, et je crois que le ministère de la santé est mieux placé pour communiquer là-dessus. Il y a des contributions qui ont été faites à la Guinée à travers les partenaires onusiens comme : l’OMS, l’UNICEF, le PAM. A ce jour, nous sommes très satisfaits de la mobilisation et de la contribution des partenaires bi et multilatéraux. N’eut été la mobilisation de ces partenaires, la Guinée allait avoir des moments difficiles avec cette maladie. Parce que les installations sanitaires ne répondaient pas, les moyens logistiques et financiers et même scientifiques ne suffisaient pas. Il a fallu la présence de ces institutions pour nous permettre de riposter contre cette fièvre.
-Que répondez-vous à ceux qui disent que ces dons ne seraient pas bien gérés par le comité ?
Je tiens à féliciter la commission logistique qui a été mise en place parce qu’à ce jour, nous pouvons dire que tous les dons faits à la Guinée ont été bien gérés. Nous rassurons l’ensemble des partenaires qui continuent à soutenir notre pays. Nous tenons à leursgarantir que tous les dons ont été bien acheminés vers les structures sanitaires bénéficiaires
-Votre dernier mot …
Je tiens à vous remercier et à vous féliciter pour votre travail. Je voudrais aussi demander aux populations de rester calmes. Cette fièvre hémorragique, dans un futur très proche, ne sera qu’un lointain souvenir pour nous. Le gouvernement et les partenaires sont entrain de tout mettre en œuvre pour que ce virus quitte notre pays.
Je tiens également à exprimer toute notre détermination à répondre aux besoins des populations. Je suis guinéen, je suis très fier de travailler pour mon pays.
Entretien réalisé par SOUARE Mamadou Hassimiou
Pour Africaguinee.com
Tél. : (+224) 655 311 111
Créé le 30 avril 2014 20:34Nous vous proposons aussi
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