Grande Interview : Cellou Dalein Diallo se confie à notre rédaction…

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MAMOU- Dans une interview que le leader de l’Union  des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG), a accordée à la rédaction d’Africaguinee, Cellou Dalein Diallo a abordé plusieurs questions qui défrayent aujourd’hui la chronique sur le paysage politique. De sa tournée  à l’intérieur du pays, la création de l’opposition extraparlementaire, ses divergences avec son vice-président Bah Oury, l’indemnité mensuelle des  députés,  l’ancien premier ministre passe  tout au peigne fin sans langue de bois. Entretien!


-Africaguinee.com : Bonjour Monsieur Diallo !

-Cellou Dalein Diallo : Bonjour Mademoiselle Bah

-Tout d'abord, quelles leçons tirez-vous de votre tournée au Foutah ?

-Je dois rappeler que c’est une tournée qui va toucher toutes les préfectures de la Guinée. J’ai commencé par les circonscriptions où j’ai réalisé les meilleurs scores aux élections législatives. Donc j’ai commencé par  Télémilé, je suis allé  à Gaoual, Koundara, une partie de Lélouma, Labé, Pita, Dalaba et Mamou. Les sentiments que j’ai, c'est que les populations restent mobilisées derrière l’UFDG. J’étais venu leur  adresser mes félicitations et mes remerciements  à l’occasion du combat qu’ils ont mené pour assurer à l’UFDG une victoire honorable aux élections législatives. Et j’ai eu le plaisir de noter que les gens étaient toujours mobilisés et sont prêts à se battre pour que les prochaines échéances électorales soient aussi des victoires pour notre parti. Vous avez été témoin de la réception  chaleureuse dont j’ai été l’objet.  Vous avez noté les  grandioses manifestations qui ont été organisées ici et là.  C’est vraiment réconfortant pour le leader du parti que je suis.

-Des accidents ont été enregistrés durant votre tournée. Votre réaction?

-C’est déplorable que des gens meurent et se blessent à l’occasion de ces manifestations. Mais lorsqu’une manifestation prend une certaine dimension   comme celles aux quelles on a eu droit,  il y a souvent malheureusement ces dégâts que nous déplorons. Nous allons essayer de  mieux organiser ces réceptions, de mieux organiser la section motard (de l'UFDG) en particulier  qui est à l’origine de beaucoup d’accidents.

-Quel regard portez-vous sur l'opposition extra parlementaire qui vient d'être mise en place?

-Je pense qu’on n’avait pas besoin de créer une opposition extra parlementaire.  Ceux qui sont à l’assemblée et ceux qui n’ont pas eu d’élus ou qui n’ont pas présenté  de candidats, restent dans l’opposition républicaine. On aurait pu nous réorganiser pour mieux  faire  face au combat du moment. C'est à dire  essayer de faire en sorte que les élections prochaines, les communales et les élections présidentielles de 2015 soient organisées  dans la transparence, dans le respect du code électoral au lieu de créer des groupes à l’intérieur de l’opposition républicaine. Mais bon, on a pris note de la création,  de cette opposition dite extra parlementaire,  parce que nous,  nous allons utiliser les prérogatives  qui sont les nôtres,  en tant que députés pour essayer de faire avancer   la démocratie, la réconciliation nationale mais, s’il y a lieu nous ne renonçons pas aux autres droits consacrés par la constitution comme par exemple l’organisation des manifestations pacifiques. Donc  l’opposition c’est aussi bien  au sein du parlement qu’en dehors du parlement si nécessaire.

-Ne craignez-vous pas qu'il y ait assez de divergences entre vous et cette opposition dite extra parlementaire?

 -Ecoutez, notre rôle c’est d’essayer de rassembler toute l’opposition ; qu’elle soit parlementaire ou non parlementaire. Je pense que nous avons les mêmes objectifs et préoccupations. Nous voulons consolider la démocratie,  faire en sorte que la Guinée soit un Etat de droit. Une société démocratique respectueuse des droits humains  et de la liberté fondamentale. Ce combat nous allons le mener au niveau du parlement.  Et comme je vous le dit,  en usant des droits qui sont reconnus par la constitution comme les manifestations pacifiques, les  meetings et  des dénonciations auxquelles on ne va pas renoncer simplement parce qu’on est député. Nous sommes une opposition qui va défendre l’intérêt de la population. Et qui va défendre les valeurs auxquelles nous croyons, pour lesquelles nous avons décidé de faire la politique.

-Vous menacez de reprendre les manifestations de rue, alors que le président Alpha condé dit que le débat se fera désormais à l’hémicycle. N’est-ce pas un début de bras de fer ?

-Le débat se fera à l’hémicycle, les manifestations dans la rue. C’est parce qu’on a mis l’Assemblée Nationale qu’on va modifier la constitution et restreindre les libertés qui sont données aux citoyens et associations de manifester dans la rue, d’organiser les meetings? Donc nous considérons que l’assemblée c’est un outil, un  nouvel instrument de combat pour l’instauration de la démocratie et l’Etat de droits.

-Quel est votre avis par rapport à l’annonce du chef de l’Etat de publier les audits de la gestion des anciens Premiers ministres et aussi de la récupération du patrimoine bâti de l’Etat ?

-Les audits il y a longtemps qu’on en parle.  Chaque fois  qu’Alpha Condé est en difficulté, il dit qu’il va publier les résultats. Mais qu’il les publie! Moi qui vous parle, je n’ai rien à me reprocher. J’ai géré plusieurs départements depuis que j’ai quitté je suis l’objet d’audits. Et jusqu’à présent à ma connaissance on n’a pas trouvé un élément  qui me soit reprochable dans le cadre  des gestions que j’ai eu à assumer.  Donc ça ne m’effraye pas du tout.  Depuis le CNDD (conseil National pour la démocratie et le développement, ancienne junte au pouvoir, ndlr) en passant par le gouvernement de la transition, on a parlé d’audits. Mais, qu’on publie les résultats, pour que ceux  qui ont à répondre puisse aller répondre. Chaque fois, qu’il y a des difficultés politiques, on essaye de brandir  la menace de publication des résultats des audits, qu’on le fasse.

 En ce qui concerne les bâtiments, je ne sais pas de quoi on en parle. Moi, je ne me sens pas concerné.  J’ai acquis mon bâtiment dans le respect de tous les règlements légaux. Un décret du président de la république qui a été pris et qui a autorisé la vente. La vente a été réalisée au prix du marché. J’ai contracté un prêt  au près d’une banque de la place. C’est seulement l’an dernier que j’ai fini de régler le montant, c’est la banque qui a payé. Je l’avais acquis dans les conditions,  dans le respect des règles et procédures en vigueur à l’époque. Et même maintenant les règles n’ont pas changé.  Je ne vois pas comment on va m’exproprier. Mais lorsqu’on a des difficultés politiques, on essaye d’intimider et de  discréditer  la sphère à défaut de disqualifier  l’adversaire. Moi je pense que c’est dans cet exercice  que Monsieur Alpha Condé s’est engagé.

-Vous voulez dire que vous êtes visés et que s’il y avait des preuves suffisantes contre vous, on les aurait déjà balancé ?

-Bien entendu, même pas lui, même ceux  qui sont venus avant lui. Mais qu’on fasse les audits de toutes les gestions. On peut faire  la gestion de Conté celle de Sekou Touré, celle du gouvernement de  transition et celle d’Alpha Condé aussi. Parce qu’il y a beaucoup d’actes possé dans le cadre de la gestion publique actuelle qui ne sont pas conformes aux règles et procédures ni aux lois de la république.  Il y a tellement de marché de gré à gré. Prenez l’exemple  du marché d’installation de 100 mégawatts octroyé à une société brésilienne, il n’y a pas eu appel d’offres. C’est 144 millions d’euros, or le code de marché est une loi de la république à la quelle  se noue le gouvernement de la République. Mais,  ils ont violé le code de marché. Il ne faut pas qu’on dise qu’on va auditer la gestion de Conté pour   attribuer aux  premiers ministres  de Conté  la responsabilité de toute la gestion de Conté. Parce qu’il y a   un électorat qu’on veut ménager,  on dira toujours que c’est les anciens premiers ministres de Conté. Même ici, dans le pouvoir actuel personne ne dira que c’est  Saïd Fofana qui répond à la gestion, tout le monde sais que c’est Alpha Condé cela ne veut pas dire que nous, nous ne sommes pas en mesure de défendre les actes que nous avons posés à l’exercice  de notre haute fonction ministérielle.  Les intentions de Monsieur Alpha Condé c’est de déstabiliser ses adversaires politiques en les discréditant, parce qu’il a beaucoup peur des élections présidentielles  de 2015, parce qu’il a vu  les revers qu’il a enregistrés aux élections législatives même s’il a atteint la majorité en influençant les partis qui ont bénéficié  le plus fort reste pour obtenir la majorité. Il sait que si l’élection présidentielle de 2015 est transparence il n’a aucune chance de se maintenir au pouvoir.

-Comment se portent vos relations avec votre vice-président Bah Oury?

-Tout le monde sait qu’il y a un malentendu, Bah Oury fait partie des gens qui ont mis en place l’opposition extra parlementaire, alors que l’opposition parlementaire existe déjà et l’UFDG est une opposition qui est au parlement. L'UFDG occupe  un poste de vice président au parlement  et qui a 37 députés.  Maintenant la question qui mérite d’être posée est de savoir est-ce qu’il est à l’UFDG ?  L’UFDG  est dans une opposition parlementaire et républicaine.En décidant de diriger une opposition extra parlementaire alors le parti dont-il se réclame est le principal parti de l’opposition parlementaire, est-ce qu’il n’y a pas (une nécessité de) clarifier lui-même  sa position ?

-Pourquoi ce bicéphalisme au sein de votre formation politique ?

 -Il n’y a pas de bicéphalisme,  je tiens à lever l’équivoque. L’UFDG est dirigée par les instances, le bureau exécutif et le conseil politique que je dirige. Nous avons décidé d’aller aux élections les militants sont aussi allés. On a décidé de siéger à l’assemblée et on a siégé. Il y a un seul président au sein de l’UFDG c’est Cellou Dalein pour l’instant. Et  heureusement les militants et les sympathisants ont le respect et la considération  pour lui et pour les décisions des instances du parti. Donc il n’y a pas de bicéphalisme. Il y a un malentendu, des divergences entre Bah Oury et moi. Mais il faut dire que les décisions du parti appartiennent aux instances.

-Pourrait-on s’attendre à une décision du parti contre Bah Oury ?

-Nous sommes toujours dans une dynamique de réconciliation, mais à un moment donné on devra statuer toutes les initiatives pour que Bah Oury revienne dans les rangs du parti. Quand cela s’avèrera vain en ce moment le parti décidera  ce qu’il faut faire. Il analysera le problème et prendra les décisions qui s’imposent.

-Votre avis sur l'engagement de votre ami Diallo Sadakadji en politique?

-Ce sont les medias qui en font une grande affaire. Nous nous sommes déjà prononcés sur l’intention de monsieur Diallo Sadakadji qui est entré en politique. Je pense qu’il est toujours au stade de l’intention. Nous avons dit que nous n’avons pas de problème (avec lui). Nous souhaitons que s’il doit s’engager qu’il soit du côté de l’opposition pour nous aider à lutter contre la dictature  annoncée.  Nous avons dit que Diallo Sadakadji est un ami et un sympathisant de l’UFDG dans la mesure où il était un ami proche du président du parti. Nous n’aurions pas souhaité qu’il  s’engage en politique. C’est son droit,  qu’il s’engage ça ne nous pose pas de problème pourvu qu’il soit de l’opposition. Et que nous ne l’ayons pas comme adversaire. Il sera peut-être un partenaire.

-Diallo Sadakadji a-t-il milité pour le parti UFDG ?

-Il s’est toujours défendu de n’avoir pas milité. Il n’a pas milité mais il a été un ami proche  du président qu’il a soutenu.

-Depuis sa mise en place, l’Assemblée Nationale a du mal à fonctionner, et pendant ce temps, il se dit que les députés demanderaient 25 millions de francs guinéens comme indemnité mensuelle. Qu’en est-il réellement ?

-L’UFDG est allée à l’assemblée pour défendre les valeurs. Nous sommes allés pour contribuer à l’instauration d’un Etat de droit. Pour prendre l’initiative qui concourt à démontrer les valeurs de l’UFDG. Nous ne sommes pas allés là bas pour chercher des avantages. Maintenant qu’est ce qu’on va donner à un député ? L’assemblée va le décider. Je le répète, l’UFDG n’est pas allée pour régler des problèmes économiques. L’UFDG est allée à l’assemblée parce que c’est un  endroit où on peut se battre pour le triomphe des valeurs auxquelles ont croit et on se bat.

-Vous êtes confiant pour la présidentielle de 2015, êtes-vous sûr de l’emporter face à Alpha Condé  ?

-Je suis sûr  parce qu’aujourd’hui je constate tous ceux  qui ont soutenu Alpha Condé, que ça soit les leaders d’opinion  ou leaders politiques, tout le monde  est déçu. Il y a ceux qui s'expriment d’autres qui ne s’expriment pas. Le peuple de Guinée qui avait espéré est déçu parce que  cette élection présidentielle était de tous les espoirs. Aujourd’hui,  les conditions  de vies se sont détériorées, il y a moins d’électricité, d’eau, de justice et de sécurité. Il n’y a rien qui  rassure les citoyens. On peine à manger.  On  n’a même pas de visibilité et on ne sait pas qu’est-ce qui nous attend demain. On a vu l’amateurisme du gouvernement. Le pays a perdu des opportunités d’attirer des investissements étrangers directs  et  de créer des emplois. Je l’aurais pas fait moi, j’aurais préservé l’intérêt de la Guinée.

-Vous prônez  souvent l’instauration de la liberté et d’un Etat de droit,  si vous étiez à la place d’Alpha Condé qu’auriez-vous fait ?

-Je me serais engagé dans la réconciliation des guinéens parce que la campagne pour la présidentielle a été malsaine, l’unité nationale a été malmenée.  Il faudrait mettre en œuvre des politiques susceptibles  de rassurer les citoyens pour que tous les guinéens considèrent le président de la république comme le leur. La mise en place d’un Etat de droit est importante. J’aurais fait beaucoup de choses au terme de développement à travers mon expérience et j’aurais permis à la Guinée d’être sur la voie de développement, avec un système éducatif performant et des systèmes agricoles fiables.

-Votre mot de la fin ?

-Je voudrais encore une fois exprimer ma profonde gratitude aux militants et sympathisants du parti qui m’ont accueilli à Télémilé, dans les communes urbaines dans les sous-préfectures, Gaoual, Koundara, à Lélouma, à Labé, Pita, Dalaba  et Mamou. J’étais fier de sentir que le parti est si fort  et soutenu à la base. J’étais fier de sentir cette adhésion de la population aux programmes de l’UFDG.  Je tiens à les remercier et à les engager dans le combat et à les rassurer de la victoire demain.

Interview réalisée par BAH Aissatou

Pour africaguinee.com

Tél : (+224) 664 93 46 23

Créé le 28 février 2014 12:31

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