Gouvernance: Entretien avec Damantang Albert Camara , porte-parole du gouvernement

Damantang

CONAKRY- Quelles vont être les priorités du nouveau gouvernement guinéen dirigé par le premier ministre Mohamed Said Fofana ? Quels sont les grands chantiers du département de l’enseignement technique, de la formation professionnelle et de l’emploi ? Voici quelques questions auxquelles le ministre Damantang Albert Camara a bien voulu répondre. Dans cette interview exclusive, M. Camara qui assure le rôle de porte-parole du gouvernement, s’est aussi exprimé sur la politique de la nouvelle équipe de Mohamed Said Fofana en matière de communication. Exclusif !!!


 

AFRICAGUINEE.COM : Bonjour Monsieur le ministre !

DAMANTANG ALBERT CAMARA : Bonjour Monsieur SOUARE !

-Peut-on connaitre vos sentiments  après  votre confirmation à la tête de ce département chargé de l’enseignement  technique et de la formation professionnelle ?

-Une grande satisfaction d’avoir su mériter une nouvelle  fois  la confiance du Président de la République et du chef du gouvernement. J’ai la conscience que c’est une tâche très grande avec  de nouvelles responsabilités dans la mesure où j’ai hérité également du secteur du travail. Donc  joie,  fierté mais, aussi sens de la responsabilité par rapport aux différents enjeux. 

-Le président Alpha Condé a promit que chaque département allait  recevoir sa lettre de mission. Est-ce que vous avez déjà  reçu  la vôtre ?

-Elles sont toutes en pleine préparation. Elles partent  de la lettre de mission du premier ministre et bien attendu dès l’instant  qu’on a prit l’engagement réciproque pour atteindre les objectifs précis.  Elles sont en discussion au niveau de chaque département afin que chacun puisse s’engager à partir des moyens qui vont être mis à sa disposition. Donc, tout le monde va souffrir un peu d’attendre jusqu’à ce que la lettre soit définitivement validée de la part de ceux qui  doivent la recevoir et ceux qui l’émettent. Le public saura bien quelles sont les différentes missions précises à l’intérieur du gouvernement.

-Au niveau du département de l’enseignement technique, de la formation professionnelle et de l’emploi, quelles sont aujourd’hui vos priorités ?

-S’agissant de mon département,  je tiens personnellement déjà à consolider un certain nombre d’acquis  concernant  la gouvernance des établissements,  l’organisation globale  de l’enseignement technique  et ensuite rebondir sur les différentes projets qui  sont en cours. Le partenariat public et privé dans le domaine de l’information dans les mines,  la construction des nouveaux établissements dont quatre qui sont financés par le fonds Saoudien, quatre  par la BID (Banque Islamique de Développement, Ndlr), l’appui que je viens d’obtenir de la GIZ (Coopération allemande, Ndlr) pour les ENI (Ecoles Nationales des Instituteurs, Ndlr) et d’autres partenariats pour  permettre de renforcer  la qualité de l’enseignement, bien entendu en parfaite collaboration avec l’Agence Française de Développement. Tirer le maximum de contrat CDD (Contrat à durée déterminée, Ndlr) qui met à la disposition du département environs 20 millions  d’euros, pour remettre à niveau l’ensemble d’un certain nombre d’établissement d’enseignement  technique et apporter une assistance technique à mon département.

-Que comptez-vous faire pour inverser la tendance pour que les jeunes guinéens s’intéressent d’avantage à l’enseignement technique et professionnel ?

-Ceci est de moins en moins vrai puisse qu’on a multiplié par trois ou  quatre  les demandes d’inscription  vers les établissements de l’enseignement technique,  de plus en plus les jeunes viennent dans l’enseignement technique. Nous continuons ce programme de communication sachant qu’il faut que nous fassions attention à nos capacités d’accueil.  En revanche,  de plus en plus des sociétés minières  viennent nous voir pour nous demander comment  gérer  la  problématique de leur  fourniture   en   ressources humaines, parce que justement  leurs projets vont nécessiter  énormément de mains d’œuvres.

Le dernier en date c’était Guinée Alumina Corporation qui prévoit  douze milles emplois.  Donc nous sommes en train d’envisager comment faire de telles sortes que sur ces douze milles emplois qu’un maximum de jeunes guinéens soient présents. Ça passe par un partenariat  dans la  formation. Et ils sont  en train de voir  comment faire.

Je suis sûre d’une chose c’est qu’aujourd’hui nos établissements font le plein, les directeurs  disaient qu’ils étaient obligés de courir dans les rues  de Conakry,  de Kankan, de Kindia ou de Mamou pour chercher des apprenants, aujourd’hui c’est le contraire, ils sont assaillis de demandes. C’est bien la preuve que le paradigme s’est inversé, la communication a marché, il faut juste persévérer.

-Quels sont les départements auxquels vous serez obligé de collaborer ?

-Tout le système éducatif, parce que l’approche  de la qualification des ressources guinéennes est une approche holistique qui doit inclure tout le système éducatif  de la base jusqu’au sommet. Bien entendu le ministère de la jeunesse  et de l’emploi jeune, avec eux nous avons des projets communs, transversaux et tous les autres secteurs,  le commerce  l’industrie.  L’emploi est le secteur qui concerne tous les départements mais également les partenaires au développement.

Monsieur le ministre vous-êtes aussi porte-parole gouvernemental, quelles sont vos ambitions  par rapport à cette autre fonction que le président de la république a bien voulu vous confier?

-Mieux coordonner la communication du gouvernement en compagnie de mon ami Makanera (Ministre de la communication, Ndlr). Nous sommes en train de travailler à mettre en place un système de coordination  de la communication gouvernementale. Ce qui veut dire que très bientôt nous pensons que vous aurez à faire à des ministres qui communiquent  plus et mieux. Cela facilitera votre travail et nous notre visibilité.  Et faire de telle sorte que de plus en plus qu’il y ait une collaboration franche même si elle est dépourvue de toute complaisance  entre  les médias et le gouvernement.

-Que dites-vous du manque de solidarité gouvernementale qui avait d’ailleurs été dénoncé par le président de la république lors du dernier conseil interministériel du gouvernement démissionnaire ?

-Je ne crois pas que le président se soit  exprimé en ces termes exactement. Ce n’est pas une question de solidarité,  c’est une question de communication. Une action a besoin de  visibilité pour qu’elle soit comprise et que la population y adhère et s’y approprie.  Nous avions été très concentrés sur ce  que nous avions à faire, vu les enjeux énormes qui étaient en face de nous. Et nous n’avons pas suffisamment expliqué les actions du gouvernement.  Ce sont ces aspects  que le gouvernement souhaite corriger et nous sommes  d’accord avec  lui.  Il faut peut être  faire mieux attention.  C’est la tâche à laquelle tout le monde va s’atteler.  Le premier ministre l’a clairement  rappelé lors des conseils des ministres avec la nouvelle équipe gouvernementale. Et nous comptons  nous inscrire dans cette logique là.

-Aussitôt nommés, certains ministres ont été décriés par   les jeunes  du parti au pouvoir. Selon vous qu’est-ce qui pourrait expliquer cela ?

-Je crois qu’ils ont tout de suite rectifié le tir. On est dans une période où tout le monde souhaite servir sa nation. Un choix suppose un abandon.  Dès l’instant que vous choisissiez quelqu’un,  ça veut dire qu’il y a quelqu’un d’autre que vous n’avez pas choisi. Et ça peut faire des mécontents.  Après dans la forme et dans le fond comment cela doit s’exprimer et qui a le pouvoir de nommer, je crois qu’on est tous d’accord pour dire que le président est souverain dans son choix. C’est lui qui sait quels sont les objectifs qu’il doit atteindre et c’est lui qui peut juger  qui est  en mesure de le servir et servir  le peuple de Guinée. A ce niveau normalement,  il ne devait pas y avoir  de débat.

-Certains qualifient cette attitude des jeunes du RPG Arc-en-ciel d’ingérence dans la gestion des affaires de l’Etat. Votre réaction ?

-Le parti au pouvoir  est forcement  parti prenante de la gestion l’Etat. Dès l’instant où son premier représentant  est à la commande, dès qu’il est élu sur la base  d’une association de moyens de ce parti. Je ne pense pas que ce problème soit posé  de cette manière. La question c’est de savoir,  est ce que le parti au pouvoir  qui assure la commande  est le principal fournisseur de compétence à l’équipe gouvernementale ? Est ce que ce parti là répond aux aspirations de tous les guinéens ? C’est cette question qu’on doit poser,  lorsque ce n’est pas le cas,  il faut que les gens  même s’ils ne sont pas du parti apportent  leur contribution. Je pense que c’est dans cette optique et selon cette vision que le président a choisi son gouvernement.

-On nous annonce l’arrivée  très prochaine de sa Majesté le roi Mohamed VI du Maroc, est ce que vous avez quelques informations autour de cette visite  royale?

-C’est une visite qui a d’abord un  sens diplomatique et symbolique très important pour la qualité qui caractérise nos relations avec le Maroc. Il y a très  longtemps qu’un souverain chérifien n’était pas venu en Guinée. Ça va être  le cas  dans les jours qui viennent, ça va marquer une belle étape de nos rapports  à travers ce pays. Plusieurs départements vont être associés à cette visite. Je ne saurais vous en dire plus parce que je n’ai pas reçu un calendrier par rapport à cette visite. Ce que je puisse vous dire c’est que tout le gouvernement guinéen sera impliqué et d’ailleurs, toute la population sera impliquée, pour réserver un accueil chaleureux à ce monarque.

 

Interview réalisée par SOUARE Mamadou Hassimiou

Pour Africaguinee.com

Tél. : (+224) 664 93 51 31

 

 

Créé le 1 février 2014 14:10

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