Tunisie : les élus s’empoignent à propos d’un article sur l’islam
TUNIS-Les débats à la Constituante tunisienne ont à nouveau été bloqués, dans la soirée du mardi 21 janvier, par les invectives de députés, cette fois à propos de la révision d'un article traitant de l'interdiction des accusations d'apostasie.
Des élus de l'assemblée se sont mis à crier à travers l'hémicycle, quittant leurs sièges et insultant leurs collègues dès l'annonce que l'article 6 révisé serait soumis au vote en vue d'une modification. Une suspension d'audience a suivi. Dès le retour des élus, les cris ont repris, avec un parlementaire, Ibrahim Kassas s'écroulant en larmes après avoir hurlé à de nombreuses reprises « Allah Akbar ! » (Allah est le plus grand).
La vice-présidente de l'Assemblée nationale constituante, Meherzia Labidi, a dès lors demandé aux présidents des groupes parlementaires de renégocier le contenu de la disposition, avant d'annoncer le report du vote sur l'article faisant polémique à mercredi.
« APPELS AU MEURTRE »
Le cœur du désaccord concerne la présence dans cet article d'une disposition, adoptée début janvier sous la pression d'une partie de l'opposition, qui interdit les accusations de mécréance. Sa formulation devait être revue sans supprimer ladite interdiction ; si bien que certains élus ont fait dérailler la séance, considérant cette notion comme étant « contre l'islam ».
Des élus laïques considèrent, pour leur part, que les accusations d'apostasie peuvent être considérées comme des appels au meurtre dans un pays où des groupes djihadistes connaissent un essor certain depuis la révolution de 2011.
Lundi, les débats avaient déjà dû être reportés au lendemain après une controverse sur les conditions d'éligibilité du chef de l'Etat. Seuls quelques articles doivent encore être approuvés pour permettre le vote de la Constitution dans son ensemble, plus de trois ans après la révolution, mais les débats, lancés le 3 janvier, ne cessent d'être ralentis par les disputes et les controverses.
NOUVEAU GOUVERNEMENT D'ICI À LA FIN DE LA SEMAINE
La finalisation de la Loi fondamentale doit permettre de parachever la sortie de la crise politique provoquée par l'assassinat en juillet d'un député d'opposition. Par ailleurs, un nouveau gouvernement doit être formé d'ici à la fin de la semaine, le parti islamiste Ennahda ayant accepté de quitter le pouvoir pour laisser la place à un cabinet d'indépendants jusqu'aux prochaines législatives et présidentielle.
Elue en octobre 2011, l'Assemblée devait achever sa mission en un an, mais le processus a été ralenti par le climat politique délétère, l'essor de groupes djihadistes armés et les conflits sociaux qui ont provoqué une succession de crises.
AFP
Créé le 22 janvier 2014 09:35
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