MANDIANA- Après les violences intercommunautaires survenues jeudi dans deux villages situés entre les préfectures de Mandiana et de Siguiri, faisant plus d’une quinzaine des blessés, le préfet de Mandiana donne sa version des faits. Dans cet entretien que Ibrahima Barboza Soumah a accordé à notre rédaction, il explique les circonstances, les mesures et les origines des conflits récurrents dans la région de la Haute Guinée. Exclusif !!!
AFRICAGUINEE.COM : Bonjour M. le préfet !
IBRAHIMA BARBOZA SOUMAH : Oui bonjour !
AFRICAGUINEE.COM : Des violences ont été enregistrées ces derniers jours entre des citoyens de votre préfecture et ceux de Siguiri. Pouvez-vous nous expliquez les circonstances de ces affrontements intercommunautaires ?
IBRAHIMA BARBOZA SOUMAH : Ecoutez, pour l’instant, j’attends d’un moment à l’autre le rapport de monsieur le sous préfet de Sansando (sous-préfecture de Mandiana, ndlr). Hier, nous avons été informés par les autorités locales, que des citoyens du district de Karakoura (Sansando) se sont déplacés pour aller dans une des mines proches d’un district de Siguiri nommé Tongofini pour une exploitation artisanale. Il y a eu revendication de la propriété de cette mine. Alors, il n’y a pas eu de compréhension, et ça s’est terminé par un affrontement sur le terrain. Les gens ont fait usage des gourdins, des jets de pierres et des haches. Le résultat a été très lamentable, parce qu’il y a eu 16 blessés dont un cas grave qui se trouverait présentement à l’hôpital de Siguiri. Du côté de Mandiana dans le district de Karakoura à Sansando, on a enregistré 10 blessés, mais pas tellement graves, et du côté de Tongofini dans la préfecture de Siguiri, il y a eu six blessés dont une femme. Elle se trouve hors de danger, à l’hôpital de Siguiri.
AFRICAGUINEE.COM : Peut-on savoir quelles sont les dispositions prises à votre niveau et quel est l’état actuel de la situation dans cette région?
IBRAHIMA BARBOZA SOUMAH : Aussitôt que l’incident a éclaté, les autorités des deux localités (sous-préfets, ndlr) et la gendarmerie de Siguiri se sont rendues sur le terrain. Au moment où je vous parle (9h 45mn), le calme est revenu parce qu’ils ont utilisé les communicateurs traditionnels qui les ont fait revivre le passé, depuis la charte de Kourokanfouga, puisque le problème était entre les Sylla de Tongofini et les Kéita. Donc, ils sont rentrés dans cette considération, et les gens sont revenus à de meilleurs sentiments.
En ce moment, nous sommes en train de gérer les conséquences de cet affrontement malheureux entre les deux frères, parents, voisins, soigner nos blessés et autres. Mais nous attendons d’un moment à l’autre, le rapport du sous-préfet en ce qui nous concerne Mandiana, et celui de Siguiri va certainement saisir les autorités de Suiguiri. Puis que d’ailleurs, la mine se trouve sur le territoire de Suiguiri. Les citoyens de Mandiana ont fait un déplacement vers la mine artisanale.
AFRICAGUINEE.COM : Selon vous quelle pourrait être l’origine de ces conflits qui sont devenus récurrents dans cette région ?
IBRAHIMA BARBOZA SOUMAH : Ecoutez, les crises sont souvent d’origine contradictoire, des conflits générés à partir de l’appropriation des domaines miniers. C’est ce qui est souvent à la base. Je pense que nous sommes en train de nous concerter au niveau préfectoral. D’ailleurs, un grand meeting de sensibilisation est prévu le lundi prochain qui va regrouper toutes les forces vives, les élus locaux, les administrateurs territoriaux et les ressortissants pour que nous tablions sur la façon de gérer les domaines miniers. Nous avons sollicité auprès de monsieur le ministre des mines et de la géologie de nous amener une réglementation de son département pour la gestion de cette exploitation artisanale. Parce que chaque entité, chaque district gère à sa manière, selon la vision et la volonté des sages du district. Donc, il n’y a pas une réglementation nationale ou préfectorale qui soit applicable et qu’on paye sur l’applicabilité de ces mesures. C’est à la traditionnelle. Et chaque fois qu’il y a une découverte d’une certaine quantité d’or, il y a automatiquement la revendication de la propriété, parce que dans leur convention, une fois qu’on découvre l’or, le propriétaire coutumier, (le premier à s’installer dans le village, ndlr) doit recevoir la dixième partie de cette quantité. Ce gain là, met en conflit, les différentes familles, les différents villages et les différents groupes sociaux. C’est ce qui est un peu difficile pour nous. Nous sommes en train de voir quelles mesures l’Etat pourraient prendre pour organiser cette exploitation artisanale pour éviter beaucoup de conflits et de contradictions. Mais il faut reconnaitre que partout dans les zones minières, ça se passe comme ça.
Propos recueillis par Aliou BM Diallo
Pour Africaguinee.com
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Créé le 3 janvier 2014 22:23