CONAKRY-Décédé il y a près d’un mois à la maison d’arrêt à Conakry, le jeune Mamadou Saïdou Barry a regagné sa dernière demeure, ce lundi, au cimetière de Bambéto, (haute banlieue de Conakry, ndlr), a constaté sur place Africaguinee.com.
C’est sans incident que plusieurs leaders de l’opposition, des membres de la famille, proches et amis, ont accompagné le jeune de 18ans, dans son tombeau après la prière de 14 heures.
A cette occasion, plusieurs leaders de l’opposition, notamment Cellou Dalein Diallo, Aboubacar Sylla, Dr Faya Milimono ont exprimé leur sentiment teinté d’émotion.
Cellou Dalein Diallo leader du parti de l’union des forces démocratiques de Guinée (UFDG)
« Je suis triste, c’est le 56ème jeune que nous accompagnons à sa dernière demeure et victime des forces de l’ordre et de l’injustice. Le jeune a été arrêté lors de la campagne électorale au ‘Petit Lac’’, le jour où le cortège de mon épouse a été attaqué et son bus incendié. Il a été frappé, malheureusement, il n’a pas pu survivre à ces violences commises sur lui par les forces de l’ordre. Il a été détenu sans être jugé pendant trois mois. Et il a fini par rendre l’âme. Ce qui est triste, c’est que l’Etat qui a la mission d’assurer la protection des citoyens ne prend jamais de dispositions pour identifier les criminels. Quelque soit leur bord, un criminel, sa place c’est dans la prison. Un innocent doit être en liberté. Voilà un jeune innocent qui était en prison. Il y a des criminels qui se promènent et narguent les victimes dans les quartiers. 56 jeunes ont été abattus par les forces de l’ordre en trois ans. Depuis que Alpha Condé est au pouvoir, aucun criminel n’a été identifié pour être traduit devant les tribunaux. Ce n’est pas des bavures isolées, (…) 56, ce n’est pas de la bavure. C’est un plus deux, plus trois jusqu’à 56 victimes. Si jusqu’à présent, la justice n’a pas identifié un seul coupable, c’est grave, c’est-à-dire que les citoyens ne sont pas protégés. Le premier droit de l’Homme c’est le droit à la vie. Je souhaite que Dieu accueille ce jeune dans son paradis. Amen ! Il est victime de l’injustice, de l’arbitraire, de la démission et de la défaillance de l’Etat. On ne saura peut être jamais pourquoi il a été arrêté, il a bastonné»
Dr Faya Milimono, leader du parti le Bloc Libéral (BL)
« C’est un climat de frustration que nous avons de voir les jeunes mourir qui sont des martyrs. Ça nous fait beaucoup de peines de vivre ces situations comme ça. Nous souhaitons que Dieu ait son âme ! Nous devons continuer à nous battre pour empêcher que ces genres de scènes continuent à se produire dans notre pays. Nous sommes sur la voie. Il faut que nous cessions le compromis. Le compromis ne donnera pas la solution aux problèmes guinéens ».
Aboubacar Sylla, leader du parti des forces du changement (UFC)
« Aujourd’hui encore nous sommes tristes comme par le passé, chaque fois que nous avons eu par la force des choses à enterrer des jeunes violentés, morts de suite d’exaction sans que cela ne donne des enquêtes, à l‘identification des coupables, à leur traduction devant les juridictions pour que l’impunité cesse d’être la marque de fabrique de ce régime, nous sommes tristes encore qu’un jeune de 18 ans ait perdu la vie, simplement parce qu’il se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment. Il a été incarcéré pendant près de trois mois sans jugement, maintenu dans les conditions inhumaines et dégradantes, n’ayant pas bénéficié des soins adéquats suite aux exactions qui ont été faites sur lui, malheureusement, il en est décédé. Nous sommes tristes pour notre pays qui est en train d’hypothéquer l’avenir de la jeunesse.
Nous espérons que Nelson Mandela qui est décédé pas longtemps, et auquel le monde entier a rendu un hommage unanime, va inspirer nos dirigeants pour qu’ils comprennent que la justice constitue le fondement même de la République »[/I].
Aliou BM Diallo
Pour Africaguinee.com
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Créé le 30 décembre 2013 19:02