Télimélé- Couvrant une superficie de 1000km2 avec 19 districts, la sous-préfecture (SP) de Daramagnaki assise sur une mine bauxitique, est l’une des plus pauvres de la Guinée. Située au Nord-est de la préfecture de Télimélé avec une population estimée à 70.000 habitants, elle est en manque de tout ou presque, a constaté Africaguinee.com.
En effet, érigée en sous-préfecture en 1988, elle est l’une des plus grandes communes rurales de la République de Guinée. elle est perchée sur un bowal au sol aride. Il n’y a ni forages, la seule école construite en banco depuis 1958 n’a pas jusqu’à présent pas changé d’image, l’accès aux soins de santé est loin d’être une sinécure.
Dans les districts environnants tels que Boubèré Missidé qui est situé à environs 15 km du chef lieu, les villageois marchent à au moins deux kilomètres pour avoir de l’eau. Et quelle eau ? l’eau de marigot. Dans cette localité, il n’y a pas de toilettes, d’après nos informations, les gens vont à l’air libre pour satisfaire leur besoin fécale. Conséquence : les maladies diarrhéiques et hydriques sont récurrentes.
‘’si quelqu’un tombe malade ici, on s’en remet à Dieu. Si le Bon Dieu veuille qu’il survive, c’est ok, au cas contraire on accepte la volonté divine. Parce qu’il n’y a de médecins qui est proche de nous ici. Il faut qu’on marche à des dizaines de kilomètres pour trouver un médecin. Nous demandons au gouvernement de nous aider dans ce sens et aussi aider nos enfants à étudier. Comme nous, on n’a pas eu la chance d’être à l’école, on aimerait que nos enfants soient des intellectuels ’’, plaide cette nourrice, torse nue, un bébé au dos.
Interrogé, docteur Bah Mamadou Djouldé chef de santé de la SP de Daramagnaki, nous précise qu’il y a des centres de santé qui n’ont pas de personnels. Même ici (Dara centre, ndlr), précise-t-il, ce n’est que le chef du centre de santé qui est de l’Etat, les autres ne sont que des bénévoles.
A la question de savoir quelles sont les maladies qu’il rencontre lors des consultations, docteur Bah rapporte que Dara est une zone endémique du paludisme, mais à côté, il y a la diarrhée, la rougeole, les infections respiratoires aigues, des cas d’helminthiase, de la fièvre typhoïde. Cela est dû au manque de forages fonctionnels. ‘’Les gens se demandent que faire ? ils vont dans les rivières pour s’approvisionner en eau. Et la défécation à l’air libre a neuf voies de transmission du péri fécal. Nous demandons à l’Etat de déployer les agents de santé et créer des forages au niveau des villages pour que les gens aient accès à l’eau potable’’, plaide le médecin.
Selon Dr bah, ‘’ce sont les partenaires tels que l’OMS, l’UNICEF qui leur envoient des molécules, des consommables à chaque fois qu’il y a nécessité. Mais la quantité qu’on envoi est très minime par rapport à la population. On se débrouille avec ça, après le recouvrement, on cherche à fructifier cet argent pour aller s’approvisionner en médicament à la pharmacie centrale de Guinée à Conakry. Mais trois mois après, il y a rupture’’, souligne-t-il.
Paradoxe ! la sous-préfecture de Dara abrite quatre grandes sociétés minières de bauxite. La CBG qui est à la phase d’exploitation depuis une trentaine d’années dispose de 48 Km2 dans Dara. L’ancien permis de BHP Billiton avec 448 Km2, la concession de SEDEM-Chine qui a 268 Km2 et Rusal ACG qui a 103 Km2. [IMG2]
Comment expliquer cette pauvreté aigue de cette SP dont les 80% de la superficie est bauxitique ? le maire de la commune rurale de Daramagnaki explique : « la sous préfecture de Dara est à l’image d’une chèvre qui appartient à beaucoup de personnes qu’on envoi en brousse pour brouter. Chacun va penser que l’autre ira la chercher le soir. On l’oublie’’, ironise Abdoulaye Thiam Baldé.
[IMG3]Donc, raconte le maire de la commune rurale, s’il y a des projets que la CBG envoi pour la préfecture de Télimélé, on nous oublie le plus souvent en pensant que parce qu’on est proche de la CBG on bénéficie d’autres projets de la société. Alors que non. Ce n’est qu’en 1994 que la commune de Dara a commencé à bénéficier l’aide de la CBG à travers l’assistance communautaire, explique-t-il.
‘’Aujourd’hui Dara est en souffrance. Tout ce qui est développement, on n’en a pas ici. Il y a une école construite en banco, depuis 1958, elle est dans cet état’’,révèle-t-il tout en ajoutant que : ‘’Aujourd’hui nous sommes initiés aux taxes superficiaires grâce à l’arrivée de BHP Billiton et SEDEM-Chine, qui nous ont fait comprendre qu’une concession minière doit à une communauté 150 dollars au KM2. Quand cela est évalué, nous avons aujourd’hui plus de 287 millions avec SDEM-Chine. Si on connaissait les taxes d’exploitation, on pouvait tendre la main à la CBG, mais on n’a pas les informations, c’est pourquoi on se réserve pour ne pas rentrer dans des erreurs’’ laisse entendre Abdoulaye Thiam Baldé. Nous reviendrons.
Diallo Boubacar 1 pour Africaguinee.com
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Créé le 9 novembre 2013 17:25