CONAKRY-Alors que la situation sécuritaire au Nord-Mali continue de préoccuper la communauté internationale, la Guinée a décidé de renforcer sa présence militaire dans ce pays.Le ministre délégué à la défense nous livre dans cet entretien, la position de son pays sur la guerre contre le terrorisme au Mali.Me Abdoul Kabélé Camara s'est confié au micro de notre reporter à Conakry….
Africaguinee.com : la Guinée s’apprête à déployer un nouveau contingent militaire au Nord Mali. Expliquez-nous les raisons de cette décision quand on sait que la Guinée a déjà envoyé un contingent sur place ?
Me Abdoul Kabélé Camara : Les raisons c’est d’abord honorer les engagements internationaux de la Guinée vis-à-vis de l’Union Africaine (UA), de la Communauté Economique pour le Développement des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Deuxièmement, il s’agit d’un pays voisin, donc, la menace est directe. Le Mali est un pays qu’il ne faut jamais abandonner. C’est pour cette raison que la Guinée dès le début des hostilités a été aux côtés des frères maliens et a répondu à l’appel de la CEDEAO ensuite à l’appel des Nations-Unies.
Africaguinee.com : le départ de ce contingent est prévu quand ?
Ecoutez, c’est un long processus. De toutes les façons, les
Nations-Unies ont envoyé une note pour notifier l’accord de principe pour monter en puissance cette force. Et puis tout le processus est enclenché depuis d’un mois maintenant. Il y a une procédure interne que nous ne dévoilons pas publiquement. Mais il s’agira de former les hommes qu’il faut à un endroit bien précis et puis les porter à hauteur des standards internationaux, des normes des nations-unies pour qu’ils répondent effectivement aux besoins des nations-unies. Afin qu’ils puissent accomplir leur mission dignement à la satisfaction des forces armées guinéennes et des nations-unies.
Africaguinee.com : quel va être le nombre de cette compagnie ?
Pour l’instant, nous sommes en train de former près de huit cent cinquante hommes (850) à neuf cent (900) et les Nations-Unies ont exprimé un besoin de quatre cent cinquante (450) hommes pour l’instant ; et peut être une compagnie de réserve. Mais on verra bien suivant l’évolution de la situation quel sera le besoin réel des nations-Unies.
Africaguinee.com : en tant que Ministre délégué de la défense, êtes-vous satisfaits de la prestation des militaires guinéens déjà sur place au nord Mali ?
Je suis très satisfait. Déjà j’ai eu l’occasion de rendre visite à nos hommes à Gao et nos hommes qui sont actuellement déployés à Kidal. Avec l’assistance de la force [I]Servale[/I] (force française déployée sur place, Ndlr), nous avons visité tous les check-points, tous les lieux stratégiques où était déployée notre compagnie parmi le bataillon Sénégalais. Donc, ils travaillent bien et tout se passe bien par la grâce de Dieu.
Africaguinee.com L’augmentation de la présence militaire guinéenne au Nord-Mali ne risque-t-elle pas d’exposer la Guinée aux extrémistes, notamment Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest (Mudjao) et Alqaida au Maghreb islamique (Aqmi) ?
Mais non, on ne prend aucun risque ! Ecoutez nous ne faisons que respecter notre engagement par rapport à toutes les Nations. Et n’oubliez jamais que le Mali est notre voisin.[IMG2] Et si la case de ton voisin brûle, n’attend pas que le feu arrive jusqu’à ta chambre. Il faut immédiatement te lever pour l’aider à éteindre le feu. C’est très important.
Maintenant, nous sommes tous impliqués. Vous les journalistes en ligne, presse écrite, radio, télévisions, nous devons tous travailler pour justement empêcher que les terroristes ne prennent le dessus. Parce que, eux, ils ne calculent pas ! Quand ils viennent, ils ne cherchent pas à savoir qui est ministre de la défense ? Qui est journaliste ? C’est tout le monde qui est concerné. Et donc nous avons tous intérêt à travailler dans ce sens là. Vous avez vu vos confrères de radio France internationale, paix à leurs âmes, qui ont été tués à Kidal. C’était des hommes épris de paix et de justice à la recherche de la vérité qui sont tombés par la main scélérate d’individus assoiffés de sang. Alors vous voyez ce que ça donne. Donc le combat à mener est un combat commun. Et vous les journalistes, vous devez être à l’avant-garde de ce combat. Ne cherchons pas à savoir si les militaires guinéens seront menacés, c’est tout le monde qui est menacé.
Entretien réalisé par Diallo Boubacar 1
pour Africaguinee.com.
Tel : (00224) 664 93 51 32
Créé le 8 novembre 2013 09:29