Horomo Kourouma: «Le Pr Alpha Condé et son parti sont devenus les acteurs caractérisés de la fraude »
CONAKRY-Le candidat de l'union guinéenne pour la démocratie et le développement (UGDD), Horomo Kony Kourouma dénonce l'implication de l'armée et des hauts cadres dans le processus électoral sous les ordres du président Alpha Condé.Dans cet entretien accordé à notre rédaction, M. Kourouma revient également sur l'organisation des festivités du 54ème anniversaire de l'indépendance à N'zérékoré…
AFRICAGUINEE.COM : Les guinéens se sont rendus aux urnes le 28 septembre dernier pour élire leur député à l'Assemblée nationale. Quelles sont vos impressions aujourd'hui sur le déroulement du scrutin législatif ?
Horomo Kony Kourouma :[/B]La première impression, c'est que la classe politique guinéenne et la CENI en particulier, ne sont pas à la hauteur de la maturité de la population guinéenne, parce que nous avons noté, à l'occasion de ces élections législatives du 28 septembre 2013, une forte mobilisation dans la paix, dans l'ordre et dans la tranquillité
Cependant, l'acteur technique chargé d'organiser ces élections, a montré des défaillances qui, à mes yeux équivalent à une incapacité totale de cette institution à gérer un processus aussi important, que les élections. Il vous souviendra, que pour organiser une élection, la matière première, ce sont les cartes d'électeurs. Or, tout le monde sait que la distribution des cartes d'électeur a été un raté en République de Guinée, principalement à Nzérékoré, à Lola, à Yomou et à Macenta, le lieu où j'ai pu voter.
Nous avons noté des électeurs qui étaient à Nzérékoré dont les cartes d'électeurs se retrouvaient soit à Beyla ou à Yomou. Les citoyens dont les cartes d'électeurs se trouvaient à des lieux éloignés de leur bureau de vote, qui de ce fait ont été empêchés d'exercer leur droit constitutionnel dont le droit de concourir aux choix de leurs représentants légitimes que sont les partenaires.
AFRICAGUINEE.COM : Des anomalies ou des cas de fraudes constatés le jour du vote ?
Horomo Kony Kourouma :[/B] Le jour du scrutin, pour vous dire que l'institution chargée d'organiser les élections en collaboration avec notre administration n'ont pas été à la hauteur. Nous avons noté des intimidations répétées dans la zone où nous étions.
Pour le cas de Macenta par exemple, le ministre du tourisme Louncény Camara a passé presque toute la journée, entrain de se promener dans les bureaux de vote, distribuant de l'argent ça et là. Nos observateurs sur le terrain nous ont remonté ces informations. Ça équivaut à faire de la campagne e parfois de l'achat de conscience le jour des élections. Ce qui est dangereux, je crois qu'un agent aussi placé de l'Etat, ne devrait pas s'adonner à des comportements de ce genre. Ça ne fait pas honneur à la République de Guinée.
Dans plusieurs endroits, nous avons noté aussi, que des forces armées ont participé à la campagne. Ce qui est contre la loi dans notre pays. Je me réserve de dire leur nom, mais les intéressés se reconnaitront.
Nous voulons inviter le président de la République de ne pas mêler l'armée à des activités politiques. Car l'armée est une institution chargée de défendre la sécurité de notre territoire. Sa mission n'est pas de faire campagne pour un quelconque parti. Nous avons constaté également, qu'à l'issu du scrutin, il y a eu des agents de l'Etat, principalement des sous-préfets, se sont chargés de changer les résultats des votes. C'est le cas de Wommé, dans le bureau numéro 2, où le sous-préfet a changé les voix en faveur de l'UGDD pour les transmettre au RPG (parti au pouvoir, ndlr).
Il vous souviendra que cette sous préfecture n'est pas à plus de 50 km de Nzérékoré. Les résultats de wommé ont fait plus de 48 heures pour parcourir 50 km. Qu'est-ce qui était entrain de se faire pendant ce temps ? C'était la cuisine électorale, une pratique qui ne fait pas non plus honneur à notre pays. La Guinée a besoin de paix, de démocratie. On ne peut pas construire une nation dans ces pratiques d'un autre âge qu'hier le Président Alpha Condé lui-même dénonçait. Mais aujourd'hui, lui et son parti sont devenus les acteurs caractérisés de la fraude électorale. Ce qui est très dommage.
Il nous a été rapporté aussi de plusieurs cas de bourrage d'urnes par-ci et par là. Je vous cite le cas d'un bureau de vote qui est à Nakouékpa situé à Nzérékoré. Après le vote, les gens ont déplacé l'urne pour aller faire le dépouillement à 7 km. Dans quelle intention ? Sinon que pour faire du bourrage électoral. Et même à l'intérieur de Nzérékoré où il n'y a pas plus de 10 km de plus grande distance. Mais pour faire quitter les PV et les urnes des bureaux de vote pour les amener à la Commission de centralisation, ça a pris plus de 24 heures. Ce qui est incompréhensible. Si ce n'est que l'intention avérée pour les gens de cuisiner les résultats des élections législatives.
Si on doit partir à des élections dont les résultats sont déterminés d'avance, qu'on arrête de fatiguer les populations, qu'on ne vote pas ! Mais si on va à des élections, il faut que nos yeux soient ouverts, il faut qu'ils soient transparents et qu'ils soient démocratiques.
Nous avons noté par endroit que certains observateurs, ça pousse au ridicule, comme ceux de l'Union Africaine qui ont déclaré que les élections se sont déroulées globalement très bien et que les quelles que imperfections n'étaient pas de nature à entacher la crédibilité du scrutin. Le chef des observations de cette organisation a même déclaré qu'il est confient que même rien ne viendra entamer la crédibilité et la sincérité du scrutin.
Nous pensons qu'il faut un minimum de retenu pour des gens de ce niveau, parce qu'on ne peut pas préjuger du résultat d'un processus quand le processus n'est pas achevé. La centralisation n'est pas achevée, comment une institution normalement respectable comme l'Union Africaine peut se prononcer sur un scrutin dont les résultats ne sont pas encore donnés ? Pour le respect que nous devons aux observateurs internationaux, nous les invitons à ce que chacun mette de l'eau dans son vin et observe un minimum de principes de professionnalisme en matière d'observation électorale.
Pour le moment, nous n'avons pas le sentiment que ça soit le cas. L'ensemble de ces institutions devrait concourir à promouvoir des élections crédibles en Guinée, gage certain d'une paix qui peut être bénéfique à nos populations. Parce que sans paix, on ne pourra rien construire.
Ce que nous regrettons,, c'est que l'institution chargée d'organiser les élections en Guinée n'était pas techniquement prête à s'acquitter de son devoir légal. Celui de donner une copie de procès verbal à chaque représentant de parti politique candidat. Il y a des gens à la CENI, on a l'impression qu'ils ne savent pas lire. Peut être qu'il faut leur faire des cours de lecture, puisque quand on leur demande une copie, ils disent non ! On donne une copie à l'opposition et une à la mouvance présidentielle.
Le code électoral est très clair : «chaque représentant de parti politique candidat a droit à une copie du procès verbal ».
La loi impose à la CENI de distribuer les cartes d'électeurs 30 jours avant le jour du scrutin. La CENI n'était pas à la hauteur de cette obligation. Donc, notre institution chargée d'organiser les élections doit sérieusement se remettre en cause parce que pour le moment, elle n'a montré que des graves lacunes qui ne sont pas de nature à préserver la paix et la quiétude dans notre pays.
Pour notre part, l'UGDD n'est pas prêt à se laisser faire, nous ne sommes pas prêt à laisser la fraude se déroulée.
Nous avons des très bons résultats enregistrés dans les sous préfectures et CRD. Depuis le jour du scrutin à nos jour, il y a presqu'une semaine. A date, la centralisation des résultats n'est essentiellement faite au niveau de la CEPI de Nzérékoré.
Nous ne sommes pas prêt à accepter cette fraude électorale se dérouler. En tout cas, nous sommes prêt avec nos résultats, si davantage quelqu'un s'amuse à déclarer des résultats qui ne sont pas conformes à ceux sortis des urnes, l'UGDD en concert avec les autres partis politiques engagés dans le processus électoral, se réservent le droit de prendre toutes les mesures idoines pour que la vérité des urnes rétablie.
[B]AFRICAGUINEE.COM : Comment vous avez menés votre campagne électorale et quels ont été les axes forts de votre marathon électoral ?
Horomo Kony Kourouma :Nous avons mené une campagne à l'Américaine. Nous avons parcouru presque tout le pays. De Boké à Kankan, de Labé à Nzérékoré.
Notre campagne a essentiellement porté sur trois axes. Le premier axe qui est le plus important, c'était l'utilisation des jeunes volontaires qui ont été d'un appui déterminent. Vous vous souviendrez que l'UGDD est à sa première participation à un processus électoral. Mais à ce jour, on est entrain de se structurer parmi les cinq à six premiers partis politiques de la République de Guinée, devant des vieux partis de la scène politique. Ce résultat n'a pu être atteint que grâce à la mobilisation et au volontarisme de ces jeunes qui ont accepté de faire le porte à porte, pour porter le message d'espoir, le message de progrès de l'UGDD.
Nous sommes l'un des rares partis qui a un projet concret pour répondre aux préoccupations des guinéens, comparés à d'autres partis qui ont passé tout leur temps à faire de la mamayah (danse folklorique, ndlr) dans les quartiers. Donc, nous saisissons cette occasion pour remercier les milliers des jeunes volontaires qui se sont mobilisés pour notre grand parti.
Nous sommes aussi appesantis sur l'ensemble des medias, dans la communication de mass. Et à travers les medias, nous avons pu porter notre message de nos projets clés, dont l'allocation de 10% du budget de l'Etat aux collectivités décentralisées, le plan Marshals pour doter la Guinée d'infrastructures nécessaires à son décollage économique, la redynamisation de nos écoles pour qu'elles répondent aux besoins du travail. Nous avons posez tous ces projets ambitieux à l'attention des populations et des électeurs qui ont voulu accorder leur confiance à notre grand parti.
Et comme d'autres partis, nous avons organisé des meetings dans plusieurs villes, notamment à Fria, Kamsar, à Kindia, à Faranah où nous sommes venus d'ailleurs quatrième parti derrière des partis qui relèvent du RPG, le PEDN et l'UFDG. L'UGDD s'est classé quatrième derrière ces grands partis qui sont plus ou moins implantés pendant longtemps dans cette région. Mais cela est du aussi que Faranah est un centre universitaire. Il y a des étudiants qui sont là bas et qui comprennent ce que c'est que le développement et qui ont massivement adhéré à notre message de développement.
Et comme les autres partis, nous avons également favorisé la prise de contact avec les leaders d'opinion. Nous nous félicitons à l'occasion de ces élections, beaucoup des leaders aient manifesté leur adhésion aux idéaux de notre grand parti qui a des beaux jours devant lui. Il faut compter sur l'UGDD qui a des solutions concrètes aux maux qui assaillent notre pays depuis des décennies.
AFRICAGUINEE.COM : Votre formation politique va sans doute créer la surprise d'après les premiers résultats, surtout en région forestière, quelle autre stratégie avez-vous développée sur le terrain ?
Horomo Kony Kourouma :[/B]Deux ans avant les élections, l'UGDD s'est assis pour réfléchir sur son projet législatif. Nous avons autour de 32 propositions de loi que nous allons défendre. Lors de ces élections, nous avons sorti de nos armoires aux moins quinze de ses projets là que nous avons vendu à la population, puis qu'il ne faut pas la bourrer trop de projets.
Donc ils ont massivement adhéré à nos idéaux et à nos projets. Nous pensons que cela a été déterminant. C'est ce qui a mobilisé les jeunes, et ça a entrainé la mobilisation de la population. Au-delà de ces jeunes, il faut noter que des artistes nous ont soutenus, par exemple Oben Théa se sont mobilisés pour soutenir le projet de société de l'UGDD, alors qu'ils avaient des propositions alléchantes avec de grosses sommes de la part d'autres partis dont je me réserve de dire leur nom. Mais ils ont bien voulu accompagner un parti qui avait des projets bénéfiques pour l'ensemble de la population guinéenne.
AFRICAGUINEE.COM : Cette année, les autorités ont décidé d'organiser le 55ème anniversaire de notre indépendance en Nzérékoré. Quelle lecture faites-vous de cette initiative ?
Horomo Kony Kourouma :[/B]J'ai l'impression que les autorités politiques de notre pays au plus haut niveau ne comprennent pas la raison pour laquelle on décentralise l'organisation de la fête nationale dans une ville ou dans une région. Ils ont copié cet exemple sur la ôte d'ivoire. En côte d'ivoire, quand on organise le fête de l'indépendance dans une ville, on résout l'ensemble des problèmes essentiels de développement de cette ville. Ça veut dire qu'on règle le problème d'électricité, de route, d'eau. Donc, c'est moins la fête d'une indépendance que le fête d'action de développement qu'on aurait mené dans cette préfecture. Or, en Guinée, nos autorités pensent que c'est encore de la Mamayah. Si c'est pour faire de la mamayah, ce n'est pas la peine que les gens se déplacent pour partir à Nzérékoré.
Je vais dire qu'à l'occasion de ce 55ème anniversaire, il n'y a eu aucun projet qui ait un impact sur le développement socioéconomique de la ville de Nzérékoré. On nous parle de rénovation du bloc administratif, de rénovation de tel ou de tel autre bâtiment. Vous pensez qu'on peut organiser la fête de l'indépendance pour partir faire des rénovations ?
J'aurais aimé invité le Président Alpha Condé à prendre au moins sur 100 km la route qui va à Nzérékoré. Mais il voyage tout le temps en avion. Le premier problème de développement de Nzérékoré aujourd'hui, c'est la route. (…)
Mais ignorer ces problèmes de routes pour aller rénover des maisons, et créer de la mamayah pour dire qu'on organise une fête de l'indépendance, c'est vraiment regrettable pour un ays comme la Guinée qui aspire à se développer.
Je vous signale que la seule journée de fête du 02 octobre à N'zérékoré a couté 31 milliards de francs guinéens. Avec 31 milliards GNF, on aurait pu construire dix écoles parce qu'une école de trois salles de classes coute autour de 300 à 350 millions GNF. Ce qui serait une action de développement dans notre région. En lieu et place de ça, ils ont investi dans la mamayah, pour pratiquement ne rien aboutir.
On était heureux qu'on décide d'organiser cette fête à Nzérékoré, mais en terme de résultats, il n'y a rien à la base. Et vous n'oublierez pas cette fête intervient au moment où les populations de Nzérékoré n'avaient pas la tête à la fête.
Ces populations viennent de subir, à l'occasion du mois de juillet dernier, des événements tragiques, qui sont les résultats de l'incapacité de notre gouvernement à assurer la sécurité de ses citoyens, qui est sa première mission.
Ils ont laissé des bandes armées, tuer des populations, dont le bilan officiel est de 100 morts. En tout cas, la grande majorité de la population de Nzérékoré était en deuil. A l'occasion de ces élections, nous savons que beaucoup parmi ces gens ont quitté leur ville pour se réfugier dans des villages parce qu'ils ne se sentaient pas en sécurité.
Et c'est une fête qui n'apportera rien à la ville de Nzérékoré. Dans la mesure où il n'y a pas eu un projet qui peut avoir un impact sur le développement socioéconomique de Nzérékoré.
Je voudrais appeler le président de la République, quand la première fois, il doit dédier la fête à une préfecture, qu'il prenne la décision, trois à quatre d'avance, pour qu'on puisse faire des projets de développement concrets dans cette ville, afin que cette fête soit une fête de développement et non une fête de Mamayah, puisqu'on en a trop vu dans ce pays.
AFRICAGUINEE.COM : Votre mot de la fin ?
Horomo Kony Kourouma :[/B]Je voudrais inviter l'ensemble des acteurs politiques, les populations guinéennes, à faire preuve de maturité. Le peuple de Guinée est assez traumatisé à un retard assez colossal sur les autres peuples du monde. Notre jeunesse, nos forces vives, ne pourront pas attendre indéfiniment que le développement retarde davantage et davantage. Pour éviter des exclusions sociales, qui sont arrivées dans certains pays comme l'Egypte, la Tunisie à un moment ou à un autre, il faudrait que l'ensemble des acteurs politiques guinéens se mettent à répondre aux préoccupations des gens. Qui sont essentiellement les emplois pour les jeunes et es femmes, les infrastructures socioéconomiques, notamment les routes, l'électricité, l'eau.
La réconciliation nationale à travers une justice indépendante et objective. Un justice qui est là pour tout le monde et un investissement massif dans le secteur de l'éducation. Tant qu'on ne s'attèlera pas à résoudre ces questions de fond, notre pays va encore souffrir et souffrir.
L'UGDD a pour sa part des solutions concrètes à tous ses problèmes, donc invite l'ensemble des populations, à l'occasion des votes à venir, à réfléchir réellement à qui peut faire quoi pour cette nation.
Pour notre part, nous voulons les remercier pour la mobilisation massive en faveur des listes de l'UGDD qui nous assure que nous allons avoir autour de trois députés à l'Assemblée nationale. Nous avions un objectif de 15, mais je pense que parfois ce n'est pas le nombre qui fait la valeur, la qualité de nos élus nous rassure que l'UGDD pourra défendre les intérêts de toute le population guinéenne à cette hémicycle où on regroupé des gens qui auraient dû être à la retraite ou ailleurs. Donc j'en appel à tous les peuples de Guinée à faire preuve de maturité afin de préserver la paix et la quiétude dans notre pays, sans lesquelles valeurs on ne peut pas parler de développement dans un Etat.
Entretien réalisé par Aliou BM Diallo
Pour Africaguinee.com
(+224) 664 93 46 24
Créé le 5 octobre 2013 16:26Nous vous proposons aussi
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